Le Génocide du Rwanda
DAYAMBA AMADOU
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I Rwanda massacre d’hier, genocide d’aujourd’hui 1. Une haine lointaine remontant à la colonisation belge 2. L’assassinat du président Hutu déclenche le massacre 3. Un massacre aveugle et sans merci 4. 100 jours pour exterminer 800 000 personnes II Un génocide émminent presque ignoré du reste du monde 1. La passivité du monde face aux appels 2. L’ONU : Génocide ou pas ? 3. Le monde attend la fin du massacre pour le reconnaître comme un génocide 4. 10 ans après, les criminels sont jugés un par un | ||||||||
D’après le Petit Larousse, le mot « génocide » est reconnu comme un « crime contre l’humanité tendant à la destruction de tout, ou une partie d’un groupe national, racial, ethnique, ou religieux ». Sous cette définition, on peut considérer les quelques dizaines de massacres qui ont eu lieu dans notre siècle comme des génocides. Seulement, L’Organisation des Nations Unies ne voit pas ce mot de cet œil : elle ajoute à cette définition quelques mots plus signifiant qu’on pourrait le croire. En effet, on entend la notion d’ « …Intention exprimée ouvertement d’exterminer un certain groupe… ». Ces mots ont malheureusement neutralisé l’O.N.U. lors du génocide au Rwanda il y a onze ans : le texte suivant présente ses origines, ses causes, le déroulement aveugle et la cruauté extrême de ce génocide. Ce texte présente aussi le jugement des organisateurs néfastes mais aussi le rôle de la communauté internationale souvent critiquée dans un des plus grands génocides de l’Humanité. | ||||||||
I Rwanda: massacre d’hier, génocide d’aujourd’hui1. Une haine lointaine remontant à la colonisation belgeQuand les Belges ont colonisé le Rwanda, ils ont séparé un peuple uni en deux catégories sociales. Avant eux, seulement des traits physiques différenciaient Hutus et Tutsis. Mais les Belges avaient remarqué qu’il y avait une majorité d’Hutus dans le pays. Les colonisateurs considérèrent que les Tutsis étaient supérieurs car ils étaient minoritaires, et de plus grande taille. Les Belges leur donnèrent donc une meilleure éducation, les traitèrent mieux, et les Tutsis s’enrichirent donc davantage que les Hutus. En plus, pour différencier les deux ethnies, le gouvernement belge distribua des cartes d’identité sur lesquelles était indiqué si la personne était Hutu ou Tutsi. Les Hutus trouvèrent cela injuste et une haine contre les Tutsis se forma. Quand le Rwanda obtint son indépendance en 1962, les Hutus se retrouvèrent au pouvoir. Les Tutsis étaient alors maltraités et beaucoup se réfugièrent en Ouganda. Là-bas, ils créérent le Front Patriotique Rwandais (FPR). Ils voulaient renverser le nouveau président Hutu, Habyarimana. Le président accusa alors tous les Tutsis d’appartenir au FPR. Le Front attaqua le Rwanda en août 1993 et essaya de négocier avec le président. Celui-ci ne respecta pas les négociations et les problèmes continuèrent. C’est l’assassinat de Habyarimana qui marqua le début du génocide en avril 1994. 2. L’assassinat du président Hutu déclenche le massacre Avant sa mort, le président avait commencé à planifier l’extermination des Tutsis. Quand il avait commencé à perdre sa popularité auprès du peuple, il voulut essayer de regagner la confiance des Hutus. Certains Tutsis avaient fui en ouganda et crée le FPR avec l’intention de faire un coup d’état et de ramener des centaines de réfugiés Tutsis et Hutus modérés au Rwanda. Il fallait détruire le liens existants entre les deux ethnies, ce qui était compliqué. En effet, Tutsis et Hutus avaient vécu en paix pendant des siècles et de nombreuses familles étaient mixtes. Pour s’attirer la faveur des Hutus, le président lança une campagne contre les Tutsis et les partis politiques d’opposition. Pour ce faire il joua sur les souvenirs de la domination Tutsi pendant la colonisation belge en créant une loi stipulant que tous les Rwandais devaient être recensés par groupe ethnique. Comme les Rwandais se connaissaient bien entre eux, vivant les uns près des autres, les Tutsis étaient faciles à identifier. Pour exterminer les Tutsis efficacement, Habyarimara avait mis en place un entrainement militaire pour les adultes et les jeunes de son parti. Ceux-ci se nommaient Les Intramwe : “ceux qui attaquent ensemble”. Ils éatient envoyés par groupe de 300 hommes dans des camps militaires où ils recevaient une formation intense. Le gouvernement distribuait des armes à feu aux milices et à ces Hutus, tombés sous le régime dictatorial d’Habyarimana. Tous les crimes commis par des Hutus ou contre des Tutsis n’étaient pas punis par le gouvernement. Les Hutus se mirent ainsi en tête qu’ils tuaient pour le compte du gouvernement. Quand le président se fit assassiner en avril 1993 par des rebelles Tutsis, il existait déjà 2 foyers de violence : - Les tueries des Hutus - Les attaques de la guérilla Tutsi du FPR 3. Un massacre aveugle et sans merci Avant les années du génocide, Hutus et Tutsis étaient voisins et amis. Quand le génocide commença, les Hutus savaient donc exactement où dénicher leurs victimes. Dans certains villages, les Tutsis se réfugiaient dans des églises et des écoles. Ces lieux étaient ensuite transformés en abattoirs. Les militaires y jetaient du gaz lacrymogène et des grenades, puis ils rentraient pour en sortir les gens réfugiés à l’itérieur. Dehors, le reste des miliciens attendaient avec machettes, lances et gourdins cloutés. Le lendemain, ils revenaient pour achever les bléssés et piller. Les massacres avaient été organisés en avance et Habyarimana avait même entrainé des soldats pour tuer efficacement. “La simultanéité, la violence et l’ampleur des massacres attestent de leur planification de longue date”. Les conséquences de l’assassinat sont désastreuses pour les Tutsis. Les Hutus utilisent l’attentat comme prétexte pour déclancher le génocide le lendemain de la mort du président. Les forces armées et l’Intramwe tuent méthodiquement les Tutsis. 4. 100 jours pour exterminer 800.000 personnes Pendant 100 jours, entre avril et juillet 1994, 800.000 personnes ont été tuées. Femmes et enfants n’ont pas été épargnés. L’Intermwé devait seulement tuer les rebelles Tutsi et les membres du FPR. Cependant, comme Habyarimara avait accusé tous les Tutsis d’appartenir au FPR, beaucoup de personnes innocentes ont également péri.
II Un génocide imminent presque ignoré du reste du monde
Face à un Rwanda au bord du massacre, seulement un nombre négligeable de personnes se décident à agir. En effet, il est envisageable de blâmer l’O.NU., en particulier le siège les Etats-Unis et la France, de l’indifférence montrée lors d’un des plus grands génocides de l’Humanité, et d’avoir réagis bien trop tard malgré les appels des représentants de l’O.N.U sur place : le monde a attendu la fin du massacre pour le considérer comme un génocide selon ses critères, et a attendu dix ans pour juger les criminels, Hutu ou Tutsi.
1.La passivité du monde face aux appels L’indifférence et la lenteur de l’O.N.U. à agir est encore critiquée par les médias aujourd’hui. Effectivement, l’Organisation des Nations Unies avait été informée par Roméo Dallaire, commandant des forces armées de l’O.N.U., les Casques Bleus de l’éclatement prochain d’une tuerie sanglante au Rwanda, qualifié de « génocide » par le général : les Etats-Unis ont été prévenus par exemple des camps d’entraînement Hutu, mais n’ont pris aucune décision. Quelques actions pourtant ont été seulement envisagées, telles que le brouillage des lignes de propagande raciste comme « Radio Mille Collines » qui ont permis à la haine de se diffuser à travers le pays ; cette décision, appelée « Commando Solo » n’a jamais été appliquée. Avec l’éclatement du massacre, le meurtre de dix casques bleus sur le terrain depuis 1993 entraîne la réduction le 15 Avril 1994 de l’effectif militaire de l’O.N.U au chiffre de 500 Casques Bleus. Une semaine plus tard, le Conseil de Sécurité réduit ses troupes au nombre dérisoire de 270 soldats de la paix, laissant ainsi le général Dallaire se débrouiller tout seul avec la MINUAR, Mission des Nations Unies pour l’Aide au Rwanda. Puis, en Mai devant la gravité de la situation et l ‘appel de Dallaire, l’O.N.U. se décide à mettre sur pied « MINUAR 2 », mission constituée de 5500 Casques Bleus ; mais encore la lenteur de l’organisation due à des raisons financières ne permet pas de rendre MINUAR 2 actif avant le 22 Août. Sous la pression, la France intervient plus tôt avec l’« Opération Turquoise ». Dirigé par le général français Jean-Claude Lafoucarde jusqu'au placement de MINUAR 2 en Août, l’ « Opération Turquoise » a pour but de créer une « ZHS », Zone Humanitaire Sûre afin de protéger les civiles. Seules les Aides Humanitaires comme la Croix-Rouge ou encore Amnesy International collaborent à la tentative d’arrêt du génocide, avec pourtant la célèbre phrase de Médecins Sans Frontières « On n’arrête pas un génocide avec des médecins », faisant appel à l’aide l’O.N.U. et aux autres pays pour cesser le massacre. Sans cette aide, certaines doivent malheureusement se retirer à cause des massacres imminents dans les camps de réfugiés. Les médias à l’intérieur des pays voisins ne montrent que trop tard les images sanglantes d’une des tueries les plus effroyables de l’Humanité, informant un mondeblasé de l’extermination d’une population entière. 2. L’O.N.U. : génocide ou pas ? L’Organisation des Nations Unies n’arrive pas à se décider : ce massacre devrait-il est considéré comme un génocide ? En effet, les critères de sa constitution ne lui permettent pas d’employer le terme « génocide » : dans sa définition, il faut remarquer les termes « extermination volontaire exprimée par le gouvernement ». L’O.N.U. envoie donc les Casques Bleus dirigés par Roméo Dallaire afin d’établir un constat. Les informations rapportées par le général affirment au Conseil de Sécurité que l’O.N.U. a bien affaire à un génocide. Pourtant, les Nations Unies ont du mal à accepter qu’un tel massacre soit actif dans un pays où, en Août 1993 un accord de paix s’était établi entre les différents partis politiques tels que le FPR (Front Patriotique Rwandais), le MRND ( Mouvement Révolutionnaire National pour la Démocratie et le Développement), le MDR (Mouvement Démocratique Républicain) et l’Etat du Rwanda à Arusha en Tanzanie (« Accords d’Arusha »). La lenteur de l’O.N.U à réagir est aussi due à l’intervention des Etats-Unis qui ne veulent pas accepter ce terme qui aurait obligé la communauté internationale à opérer en vertu de la Convention pour la Prévention et la Répression du Crime du Génocide (9 Décembre 1948.) La lenteur de l’O.N.U. due en particulier au manque d’enthousiasme de ses membres freine les actions telles que le MINUAR dans leur tentative de restaurer la paix : tant que le massacre n’est pas considéré comme un ethnocide, le déploiement des forces de l’O.N.U. reste minimal. 3. Le monde attend la fin du massacre pour le reconnaître comme un génocide Le 28 juin 1994, le rapporteur de la Commission des Droits de l’Homme dénonce et confirme dans son rapport l’existence jusque-là niée d’un génocide. L’O.N.U. ne peut plus contester la réalité du génocide et, le 8 Novembre 1994, le Conseil de Sécurité admet qu’un génocide a eu lieu au Rwanda. Le président Clinton fait ses excuses au Rwandais le 25 Mars 1998 à Kigali, la capitale du Rwanda, 4 ans après le génocide : « …La communauté internationale ainsi que les nations d’Afrique, doit admettre sa part de responsabilité pour cette tragédie. Nous n’avons pas agi assez rapidement après le début du massacre. Nous n’aurions pas dû permettre que les camps de réfugiés deviennent des paradis sûrs pour les tueurs. Nous n’avons pas immédiatement appelé ces crimes par leur juste nom : « génocide ». Nous ne pouvons changer le passé. Mais nous pouvons et devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour vous aider à construire un futur sans peurs, un futur d’espérance… » Le 7 Mai de la même année, le Général-Secrétaire de l’O.N.U. Kofi Annam, s’excuse face au Parlement du Rwanda : « …Le monde doit profondément repentir cet échec. La tragédie du Rwanda était la tragédie du monde. Tous ceux de nous qui ont se sont rendus compte du génocide au Rwanda, tous ceux de nous qui ont été témoins de sa souffrance, souhaitent avec ferveur que nous ayons pu anticiper le génocide. En prenant du recul maintenant, nous voyons des signes qui n’ont pas été remarqués. Maintenant nous savons que ce que nous avons fait n’était pas assez - pas assez pour sauver le Rwanda de lui-même, pas assez pour honorer les idées pour lesquelles les Nations Unies existent. Nous ne nieront pas ça, dans son plus grand moment de besoin, le monde a oublié le peuple du Rwanda… » La France, elle, traduit ses excuses par ces mots : « je fais mes excuses au peuple, mais pas au gouvernement rwandais » 4. Dix ans après, les criminels sont jugés un par un Le 8 novembre 1994 : le Tribunal International Pour le Rwanda est mis en place par le Conseil de Sécurité de l’O.N.U. afin de juger les supposés auteurs de ce crime contre l’humanité, Hutu et Tutsi confondus : le gouvernement, les « médias de la haine », les organisateurs de ce génocide. Au tribunal d’Arusha, en Tanzanie, ont été jugés à partir du 23 octobre 2000 les organisateurs de « Radio Télévision Mille Collines », radio incitant à la haine ethnique, Ferdinand Nahimana et Jean Bosco Barayagwiza , ainsi que le responsable d’un journal de propagande raciste, Kangura, Hassan Ngeze. Plus de huit mille sept cent cinquante « gacaca » assises crée pour juger les présumés auteurs du génocide, les accusés de viol et les planificateurs étant laissés à la charge des tribunaux internationaux. Le jeudi 10 mars, les premiers procès « gacaca » ont commencé dans tout le pays. La peine la plus légère qui ait été attribuée à un criminel de ce génocide est de 6 ans, et a été assignée il y a peu. La France est soupçonnée d’avoir apporté une aide financière au gouvernement Hutu, et est jaugée comme avoir fait une « erreur de jugement ». La France a aussi été accusée de passivité par rapport à ce crime contre l’humanité. La vie s’est remis doucement en place au Rwanda, mais toujours et encore les excuses fusent des nations qui, trop tard, toujours trop tard, se rendent compte peu à peu qu’elles auraient pu empêcher cet ethnocide d’arriver. Les jugements se font tardifs, les criminels auront eu le temps de massacrer, et les victimes de se faire exterminer. L’O.N.U. se décide enfin à changer sa constitution, permettant ainsi aux génocides d’être considérés comme tels pour qu’a l’avenir plus aucun génocide ne vienne souiller nos mémoires. Sans regarder autour de lui les massacres présents. Trop tard, toujours trop tard. Onze ans après, l’Organisation des Nations Unies s‘excuse encore, peut-être trop tard, de son inertie face à une population exterminée, face à plus de 800 victimes exterminées en un temps record de 100 jours. Les esprits sont toujours marqués à vie, les organisateurs néfastes sont jugés un par un, les réseaux sont dépecés, mais pourtant persistent encore des bourreaux et victimes, cachés par l‘indifférence du monde. Et il sera trop tard quand les pays se rendront compte que ceux-là, ceux qui sont à présent dans le besoin de la communauté internationale, vivent au Darfour. |
mercredi 15 février 2017
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